Un évènement d'une rare violence ...
Photo-montage (ci-dessous) présentant les fortifications allemandes sur les territoires de Ars-Laquenexy, Jury et Peltre construites au début du 20ème siècle (Feste Generalfeldmarschall Frh von der Goltz - 1911) et constituant par la suite "Le Groupe Fortifié la Marne *
* Attention danger ! Ces sites à l'état de ruines sont strictement interdits d'accés au public par les autorités militaires. |
SEPTEMBRE 44 ... L'EXPLOSION DU FORT DE MERCY« MEMOIRES DE MON PERE » par Gilbert KESSE |
Au mois de mars 1945, mon père fut invité à une réception au Château de Mercy afin d’être présenté au jeune lieutenant, pilote du chasseur-bombardier américain, qui lui expliqua comment deux camions mitraillés devant le Fort de Mercy avaient pu provoquer une catastrophe aussi mémorable…
En 1942, sur l’ordre d’Hitler, la France entière fut occupée. L’arsenal de Toulon regorgeant de matériels et d’engins de guerre fut alors à l’origine d’une histoire tragique.
De fait, dans cet arsenal, les Allemands découvrirent des ogives de torpilles, toutes en cuivre, avec un puissant explosif à l’intérieur. Une telle ogive pesait environ 800 Kg.
Pour rapatrier ces ogives vers l’Allemagne, les occupants entreposèrent ces munitions dans le plus important des trois ouvrages du groupe fortifié de la Marne, à savoir l’ouvrage de MERCY : En effet, situé à 7 Km de METZ, derrière le Château de MERCY, le groupe fortifié de la Marne comprenait, au total, trois ouvrages (MERCY, ARS-LAQUENEXY, JURY) et une salle des machines pour assurer l’alimentation en eau et électricité de l’ensemble. L’ouvrage de MERCY comprenait, quant à lui, deux sous-sols où 2500 ogives furent entreposées dans les différentes salles, ainsi que dans les couloirs.
Le 6 juin 1944, jour du débarquement, les allemands commencèrent à acheminer ces ogives dans leur pays, pour alimenter la fabrication des V2. Deux camions véhiculèrent ces explosifs jusqu’à la gare de PELTRE. Environ 1000 ogives furent ainsi expédiées vers l’Allemagne, à raison de six par camion. Le 19 septembre 1944, vers 17h45, deux camions chargés d’ogives étaient encore dans la cour du Fort de MERCY.
Soudain apparaît dans le ciel, au-dessus de la gare de PELTRE et longeant la voie ferrée, un chasseur bombardier américain de type THUNDERBOL TP 57 qui, apercevant les camions côte à côte, décida de les attaquer. Il amorça un léger virage et piqua, en arrosant le site de ses huit mitrailleuse 12,7. Les deux camions prirent aussitôt feu. L’avion effectua alors un virage serré et revint au dessus de l’ouvrage d’Ars-Laquenexy pour éventuellement achever le travail.
Mais dans le même temps se déclencha une terrible explosion. En effet, les ogives chargées dans les camions explosèrent, transmettant l’onde de choc à toutes celles entreposées dans les sous-sols (environ 1500) qui explosèrent presque simultanément.
Le souffle produit fit tourbillonner, comme une feuille morte, l’avion qui se trouvait à l’aplomb du Fort, et dont le moteur cala. Le pilote, après quelques manœuvres réussit à le faire redémarrer et se dirigea vers NANCY, ville déjà libérée depuis le mois de septembre.
Les tonnes d’explosifs contenues dans ces ogives firent éclater le Fort et creusèrent un immense cratère qui aurait pu contenir la cathédrale de METZ ! Des blocs de plusieurs tonnes furent retrouvés à plus d’un kilomètre du lieu de l’explosion! Le paysage était hallucinant voire apocalyptique.
Trois jours avant l’explosion, des éléments d’une division de SS venus du Front de Normandie, étaient venus se reposer au Château de MERCY, au moyen de motos side-car, de blindés légers, ainsi que de véhicules anglais capturés sur le Front.
Lesdits véhicules, chargés de chaussures, de cigarettes et autres effets, étaient maintenant éparpillés, éventrés, suite aux explosions. Sous la violence du souffle, les corps de SS, complètement disloqués, avaient été projetés dans les arbres.
Des pionniers Allemands, venus de METZ, de la « Festungsdienstelle » (chefferie du génie), s’affairèrent à dégager la façade du bunker, lequel faisait aussi office de poste de police et de logement pour les gardiens de la « Kriegsmarine ». En effet, le fort s’était littéralement couché sur sa façade, emmurant tous ses occupants. Les soldats creusèrent et déblayèrent. Pendant plusieurs jours, des râles et des gémissements s’échappèrent de ce tombeau.
Les sauveteurs arrêtèrent leurs efforts lorsque tout bruit cessa.
Les pionniers qui œuvraient sur place fabriquèrent trois grandes croix, avec des planches et inscrivirent les noms des 81 victimes (11 issues de la « Kriegsmarine » et 70 SS). Ces croix furent disposées toutes trois au bord du cratère.
Les vestiges du Fort de Mercy et d'autres ouvrages
Dernière mise à jour le 06.03.2023