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Du second empire à la fin de la 3ème république

1870 : nouvelle destruction du château, le coup de main "Fourrages" : 27 septembre 1870, la reconstruction : étude architecturale. le château de Mercy de 1910 à 1939

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1870 : NOUVELLE DESTRUCTION DU CHATEAU

Le Baron ROMUALD De MANDELL vend MERCY le 12 Septembre 1855 au vicomte MAURlCE du COETLOSQUET, né en 1836, fils du vicomte JEAN-MAURICE du COETLOSQUET et de CAROLINE de WENDEL, morte en 1837, de l’illustre famille des maîtres de forge.

Les COETLOSQUET qui jouissent d’une très importante fortune, font le plus grand bien dans le pays. Les idées des agronomes (suppression des jachères, remembrement des parcelles, sélection des espèces et des semences, usage des engrais, mécanisation) sont expérimentées avec bonheur par quelques grands propriétaires éclairés, dont les COETLOSQUET.

1870 : année terrible pour METZ et sa région qui vont connaître 48 ans d’annexion allemande. Le château sera le lieu d’actes de bravoure durant le siège où les seules actions françaises consistent en coups de main pour récupérer des vivres dans les vi11ages autour de METZ.

LE COUP DE MAIN "FOURRAGES : 27 SEPTEMBRE 1870

Le commandement français veut récupérer un train de vivres qui se trouve à COURCELLES­ sur-NIED ; monsieur DIETZ réalise une machine b1indée sur chemin de fer qui doit foncer jusqu’ à COURCELLES, y accrocher les wagons et les ramener à METZ.

La sortie est réalisée par la brigade LAPASSET représentant sept bataillons d’infanterie. Les assaillants progressent parallèlement à la route de STRASBOURG. Arrivés sur les hauteurs, le 90ème de ligne pivote à gauche pour s’emparer du château, 1e 84ème de ligne à droite pour prendre PELTRE, deux bataillons du 97ème progressant en deuxième échelon en réserve à cheval sur la route.
Derrière les troupes, avance un premier train dans lequel ont pris place le 12ème BCP et deux compagnies franches du deuxième corps qui doivent s’emparer de PELTRE en liaison avec le 84ème. Un deuxième train, avec un wagon blindé, où ont pris place DIETZ et une trentaine de volontaires exécute la mission sur COURCELLES. Le raid avait été fort bien préparé, mais un cantinier travaillant pour les allemands avait découvert les préparatifs du train et en avait informé l’ennemi.

L’attaque est déclenchée le 27 Septembre à 9 heures; le signal est donné par les canons du fort de QUEULEU : les 1er et 3ème bataillons du 90ème débouchent de GRIGY, le 2ème bataillon et le 84ème de ligne de HAUTE-BEVOYE, le général de COURCY conduisant l’assaut du château ; les bataillons du 90ème progressent, précédés de compagnies déployées en tirailleurs et accompagnés des sapeurs de la 2ème compagnie du 3ème R.G (Capitaine BODIN).
Dans le château, la défense s’organise à la hâte. Les soldats du 1er bataillon se précipitent à l’assaut, aidés par le 3ème bataillon qui débordant à gauche les défenses du château facilite son action, le 2ème pris à partie depuis les bois de MERCY et de JURY couvrant de son feu le 3ème bataillon.
Pendant ce temps, les trains quittent la gare de MONTIGNY. Mais les Prussiens coupent la voie à 800 mètres de la station de PELTRE, après le passage du premier train et piégent un viaduc. DIETZ, s’en apercevant, stoppe le convoi et les chasseurs du 12ème bataillon donnent l’assaut, prennent le château de CREPY et font reculer les prussiens vers PELTRE. Lors de l’attaque des chasseurs, le 84ème de ligne, qui a attendu sur la crête de MERCY, donne l’assaut au village. Le village de PELTRE est enlevé malgré une forte résistance allemande, particulièrement dans le couvent des sœurs de la Providence.

Un ravitaillement abondant est récupéré. L’ensemble des troupes se replie vers 11 heures et demie: un accueil triomphal les attend à METZ où ils défilent vers le SABLON avec le bétail, de nombreuses armes récupérées et plus de 200 prisonniers.
Les Prussiens ont durement ressenti le coup. Les garnisons de première ligne sont renforcées et le commandement allemand donne l’ordre de brûler PELTRE et plusieurs villages environnants: le château de MERCY est de nouveau en ruines.

LA RECONSTRUTION : ETUDE ARCHITECTURALE

Après la défaite, MAURICE du COETLOSQUET et son épouse MARIE DEGUERRE vont s’établir à RAMBERVILLERS, et le château ne serait sans .doute pas ressorti de ses cendres sans l’acte de collaboration du docteur HANIEL. Le docteur HANIEL avait racheté la propriété des BOUTEILLER à LANDONVILLER.
Il décide de transformer sa propriété en édifice allemand pour plaire au Kaiser qui tient à voir METZ se transformer en ville germanique. C’est l’architecte berlinois BODO EBHART qui défigure la charmante maison des BOUTEILLER en bourg moyenâgeux allemand. La réaction du grand Français qu’est MAURICE du COETLOSQUET ne se fait pas attendre: puisque le docteur HANIEL a implanté un édifice allemand en LORRAINE, son château sera le symbole de la résistance architecturale et le représentant de l’art français en terre lorraine. Mais il ne peut voir son œuvre et c’est sa veuve qui réalise son vœu. Elle commande à un jeune architecte alsacien, KLEIN, sortant de l’école des Beaux-Arts de PARIS, les plans d’une demeure où tous les styles français seraient représentés. Les travaux sont confiés à l’entreprise CHARLES NICOLAS de QUEULEU qui engage des ouvriers italiens.
Les moyens techniques employés sont des plus modernes. Une grue sur rails de 30 mètres de haut de la maison MORLET et FONTAINE de BRUXELLES peut soulever une charge de 10 tonnes. On emploie aussi pour la réparation des étages et des toitures un nouveau procédé de béton armé. Pour transporter les pierres de tai11e « françaises » qui proviennent des carrières de SAVONNIERES entre COMMERCY et BAR-le-DUC, on construit une voie ferrée qui part de la gare de PELTRE.

C’est en novembre 1905 que la presse messine mentionne pour la première fois le début des travaux. La décoration des façades pose quelques problèmes. La pierre des carrières souterraines de SAVONNIERES est friable et ne durcit qu’au contact de l’air. Les sculptures sont effectuées après la construction par une équipe d’une vingtaine d’ouvriers spécialisés venant de NANCY. Le prix de la construction est très élevé; deux millions de francs en 1905 pour le gros-œuvre, autant pour l’aménagement intérieur.
Les paiements se font à NANCY par l’intermédiaire de l’abbé BOMBARDIER, chapelain de la vicomtesse du COETLOSQUET et gestionnaire de ses- biens. Un château français ne pouvant se concevoir sans l’harmonie indispensable d’un jardin qui le met en valeur, MERCY s’ornera d’un magnifique jardin à la française avec ses parterres et ses fontaines.

LE CHATEAU DE MERCY DE 1910 A 1939 (photo ci-dessous)

En 191O, GUILLAUME II voulant améliorer les défenses de METZ fait construire sept nouveaux ouvrages. L un deux se trouve à proximité du château de MERCY. A la même époque, le château est rattaché à la commune d’ARS-LAQUENEXY et relié par des routes à ARS et à JURY. Au cours de la Première Guerre mondiale (1914 ­1918), le château qui a été mis sous séquestre, abrite des compagnies du Génie du fort et des services administratifs allemands. La région de MERCY étant soumise à la réglementation particulière de la zone fortifiée de METZ, il faut un passeport spécial pour y pénétrer. En 1915, les noms des lieux sont germanisés. ARS-lAQUENEXY devient ARSTEIL KENNCHEN et MERCY devient OBERMERZIG. En 1919, le domaine est vendu. Un Suisse, SHNEIDER, achète le château. SCHNEIDER crée un élevage de bovins. Pour ce faire, il détruit le magnifique jardin à la française, afin d’installer des clôtures de parcage. Endetté, il disparait de la région et MERCY est racheté par les Domaines* en 1938.

GLOSSAIRE :

*DOMAINES : service administratif chargé de gérer le domaine privé de l’état.

Dernière mise à jour le 05.03.2023